L’importance de l’eau ne peut être assez soulignée. L’eau est non seulement vitale pour la population humaine en termes des besoins domestiques, mais elle est aussi directement et indirectement liée à beaucoup d’autres domaines de l’environnement, économie et santé. Garantir la durabilité de cette ressource est devenu une préoccupation globale. Mieux gérer les ressources en eau est un gage véritable de la paix sociale et la prospérité de nos peuples.

Le bassin du Congo, dont la République démocratique du Congo (RDC) détient près de 2/3 de la superficie totale, est situé au cœur de l’Afrique et est partagé par neuf pays riverains. Le bassin offre des opportunités pour la production et la satisfaction de nombreux biens et services, dont l’agriculture et la sécurité alimentaire, la pêche, l’hydroélectricité, l’approvisionnement en eau, le transport, le maintien de la biodiversité aquatique et des écosystèmes vulnérables tels que les forêts inondées et les tourbières.  Il possède également des actifs naturels uniques et diversifiés qui le placent dans une position géostratégique pertinente. Le bassin joue un rôle clé dans la circulation de l’humidité atmosphérique et les bilans carbone à l’échelle régionale et mondiale. Dans l’ensemble, le bassin a le potentiel de jouer un rôle de premier plan dans la coopération régionale en vue de réduire la pauvreté, tout en offrant des moyens de subsistance et des opportunités des revenus aux communautés pour le développement durable sur le continent Africain.

D’une part, le bassin du Congo offre un potentiel en appui à la coopération régionale pour la gestion des systèmes d’eau partagée ; d’autre part, cette ressource fait l’objet de potentiels conflits entre les utilisations concurrentielles (Tshimanga et al., 2022). Le thème de la guerre de l’eau est fréquemment mis en exergue dans la littérature et les débats sur le bassin comme l’une des nombreuses facettes des conflits émergents - exacerbés par les impacts du changement climatique et les nouveaux modes de migration (Dialogue des Peuples, 2016).

Les demandes en eau pour soutenir la croissance socio-économique continuent d’augmenter, bien que les services de qualité pour y répondre soient largement à la traîne. Ces demandes ne sont pas seulement attendues de neuf pays riverains, mais aussi d’autres régions de l’Afrique en pénurie d’eau. Le défi stratégique pour l’avenir est, par conséquent, celui de garantir l’eau en quantité et qualité suffisantes en vue de satisfaire les demandes concurrentielles croissantes pour les besoins agricoles, commerciaux, domestiques, environnementaux et industriels (Tshimanga et al. 2022).

Les défis majeurs peuvent être résumés en termes de :

• Impacts des activités anthropiques et pression sur les ressources en eau : déforestation à grande échelle, activités minières, dislocation et pollution des rivières, urbanisation rapide et parfois non contrôlée, sédimentation des cours d’eau et perte d’habitats aquatiques ;
• Méthodes de mesure et estimation des paramètres hydro-climatiques : réseau d’observation déficitaire, manque de recherche expérimentale, manque criant d’information sur la dynamique des ressources en eau ;
• Incertitude dans la gestion des ressources en eau : cadre juridique et institutionnel lacunaire qui traduit le manque de synergie de différents intervenants, redondance d’actions et manque de transparence, manque d’un system d’appui à la prise de décision ;  et
• Incertitude due au changement climatique. 

Bien que le nombre, la complexité et la gravité des problèmes liés à l’eau continuent d’accroître, fort est de constater que les efforts appropriés pour y faire face demeurent encore disparates. L’investissement dans la science, l‘innovation et le renforcement des capacités nécessaires pour développer une meilleure compréhension de la dynamique des ressources en eau et améliorer l’accès à leurs services fait cruellement défaut. La réalisation du développement durable et de la croissance inclusive dans la région du bassin du Congo serait largement compromise si les ressources en eau ne sont pas gérées et utilisées de manière durable, intégrée et efficiente. Alors que les pays de la région du bassin du Congo s’efforcent d’améliorer la stabilité politique, économique et sociale, le besoin de la sécurité des approvisionnements en eau va prendre de plus en plus d’importance.

Si cet aspect est négligé, il y a risque des conflits :

1. au sein des communautés - en raison d’un manque d’accès aux services des ressources en eau ;
2. entre les pays - en raison de l’absence d’accord sur le partage transfrontalier des ressources en eau et
3. entre les groupes sociaux - en raison d’un partage des ressources en eau perçu comme non inclusif et équitable (justice distributive).